Si Panic Cinema m’a donné à plusieurs reprises la possibilité de programmer et de présenter certaines séances, les Soirées 1Klassables m’ont permis de passer à la vitesse supérieure…
Panic Cinema (anciennement Absurde Séance de Paris), rendez-vous hebdomadaire le samedi soir au Nouveau Latina, était la case de cinéma bis, bizarre et inclassable, à laquelle 1Kult fut rapidement associé. Le programmateur et fondateur Yann Olejarz donnait rendez-vous chaque semaine à un public qui ne savait pas ce qu’il allait voir. Du nanar, du classique pop, du bis ou des avant-premières, des pornos ou des nuits-concept, tout était possible sur l’écran – et dans la salle.
J’avais proposé à Yann Olejarz une sorte de « case dans la case », soit une anthologie de films un peu moins évidents, qu’on identifierait du sceau du label 1Kult. J’accompagnerais en introduisant ces séances et en proposant des avant-programmes ou des invités, permettant à des étrangetés d’être vues sur grand écran, et en apportant quelques petites clés de lecture.
Le générique annonçait la couleur : réalisé en quelques heures, on y croise un fourre-tout agressif et radical, avec une volonté de remuer.
Quatre séances eurent lieu à ce jour :
- #1 : Action Mutante de Alex de la Iglesia – Espagne – 1993 – VOST – 35mm – Interdit au moins de 12 ans. Diffusé le 26 janvier 2013.
Pour une première séance, je tenais à un premier film ? En l’occurrence, celui de Alex de la Iglesia, frappadingue et annonciateur de cette nouvelle vague de cinéma de genre ibérique qui a cessé depuis quelques années de nous étonner. Un film fondateur, et qui permettait une entrée en douceur dans ce que je considérais comme « 1Klassable ».
Précision, la copie 35 mm proposait la version originale sous-titrée en français, contrairement au DVD disponible chez nous.
- #2 : The Wicker Man de Robin Hardy – Grande Bretagne – 1973 – VOST – 35mm. Diffusé le 18 mai 2013.
Pépite du cinéma britannique, The Wicker Man est un film envoûtant et qui n’en finit pas de séduire de nombreux cinéphiles. Découvert à l’occasion de la sortie en DVD chez StudioCanal dans le label Cinéma de Quartier, j’avais longtemps placé le film dans une de mes programmations idéales. Aujourd’hui encore, le parfum licencieux et libertaire continue de fonctionner, jusqu’au fabuleux climax. Pour présenter le film, j’étais accompagné de Jérome Wybon (Forgotten Silver) qui avait comparé le film et ses différents montages dans un numéro de Mad Movies récent. L’occasion était trop belle, à l’image de la copie 35 mm (version cinéma du montage).
Autre beau cadeau, Kore, le court-métrage de Eric Dinkian était diffusé en première partie, et en sa présence. C’est l’avantage de ces cases marginales, on peut les accompagner de courts-métrages, qui sont souvent réservés à un public trop spécialisé. Et quoi de plus 1Klassable que cette étrangeté signée du père de Kaojikara et Precut girl ?
- #3 : Subconscious Cruelty de Karim Hussain – Canada – 1999 – VOST – Numérique (Blu-ray). Diffusé le 26 octobre 2013.
Avec Subconscious Cruelty, les soirées 1Klassables rentraient vraiment dans le vif du sujet. Culte pour beaucoup, ce film (d’)écorché vif nous offrait sous forme de trip quelques courts programmes bizarroïdes au possible, qui avaient marqué les festivaliers des séances de bon goût quelques années auparavant.
Profitant d’une sortie en Blu-ray chez Elephant Films (qui contient sur la jaquette intérieure un texte que j’ai rédigé pour l’occasion), j’ai choisi ce film pour tester un peu le public. Bonne nouvelle, il me semble que globalement, il a suivi, même si les avis étaient partagés. Mais pouvait-il en être autrement ?
- #4 : Thanatomorphose de Éric Falardeau – Québec – 2012 -VOST – Numérique. Diffusé le 23 novembre 2013.
Travaillant sur un cycle pour le Forum des images (Monstruosités), j’ai découvert quelques heures avant la dead line Thanatomorphose. Si j’ai fait part de mon envie de le sélectionner à la programmatrice du cycle, je suis rapidement revenu sur mes pas. Son caractère sulfureux et extrême se devait d’être pris avec des pincettes, et il me semblait préférable de l’inclure dans une case spéciale, pour ne pas se tromper de public. Il s’agissait donc d’une séance conjointe avec la programmation à venir au Forum des images quelques jours plus tard.
Là encore, j’ai pu profiter de la venue de Simon Laperriere, connaissance du cinéaste, et qui a un petit rôle sur le film. De passage en France à l’occasion du Paris International fantastic Film festival, pour dédicacer son livre Snuff Movies : naissance d’une légende urbaine (Éditions du Murmure), Simon a apporté son lot d’anecdotes, à un public qui fut un peu divisé devant ce torture porn qui n’en est pas un, devant ce film d’auteur féministe trash. Peu vu en France, il n’a pas fait beaucoup d’entrées lors de cette soirée. Il faut dire qu’au même moment, il y avait le PIFFF et sa nuit Stephen King à quelques stations de métro. Une erreur de calcul de ma part, peut-être aurait-il fallu chercher un film moins connoté fantastique-horreur, même si le public était sensiblement différent.
- #05 : La suite ?
A ce jour, il n’y a pas de nouvelle séance 1Klassable de prévue. Panic Cinema a cessé et l’occasion ne s’est pas représentée. A l’origine, j’avais pensé à une déclinaison qui proposerait de manière itinérante un film que j’accompagnerais en y apposant le sceau 1Klassable, qui viendrait rejoindre une anthologie numérotée, où le même film ne pourrait pas passer deux fois de suite avec cette marque. Qui sait, peut-être reviendront-elles…